L’économie française sur la route de la reprise grâce aux collectivités ?

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L’économie française retrouve quelques couleurs en comparaison de sa voisine allemande, en voie de stabilisation. Les économistes expliquent que le soutien à la consommation intérieure y est pour quelque chose. Le rôle des collectivités françaises aussi.

Pour la rentrée, révision de la fable du lièvre et de la tortue. Pendant que l’économie allemande, moteur européen depuis des années, marque (à peine) le pas avec une contraction de la croissance de son PIB de 0,1 % au second trimestre 2019, celle de la France confirme son embellie avec une hausse de 0,3 %. Par un étrange retournement conjoncturel, ce qui faisait la force de l’Allemagne fait aujourd’hui sa faiblesse. Et inversement pour la France.

Avec le tassement des échanges mondiaux, la croissance germanique qui dépend pour moitié de ses exportations, suit –peut-être pas pour longtemps- le rythme français, dont le modèle repose davantage sur la consommation intérieure. Celle-ci représente déjà 55 % de son PIB et, selon nombre d’économistes qui se sont exprimés ces derniers jours dans les médias nationaux, pourrait avoir été relancée à hauteur d’un point de PIB supplémentaire par les mesures budgétaires post-gilets jaunes.

Secteur public à la rescousse

Ce modèle hexagonal, tout de même fragilisé structurellement par son endettement et son niveau de chômage, tire aussi avantage du poids de son secteur public. Accusé d’emmener les prélèvements obligatoires au plus haut niveau européen, il prend sa part de croissance en investissant massivement, particulièrement au niveau local qui porte 57,2 % de l’investissement public total.

Et ce dernier se porte bien mieux : il a ainsi progressé de 5,2 % en 2018, dont 5,9 % au niveau communal et 7,8 % pour les groupements. Le syndicat professionnel Routes de France se plaint d’ailleurs actuellement de la surchauffe de chantiers routiers lancés par les collectivités, faisant craindre une pénurie de bitume à partir de la mi-septembre. Un comble quand on se souvient des menaces qui pesaient il y a encore deux ans sur les routes communales et départementales sacrifiées sur l’autel du redressement des comptes publics à l’origine de la baisse des dotations. Les Allemands, dont le réseau routier est à pleurer, aimeraient bien en dire autant. Or leur échelon local n’est pas aussi dynamique qu’en France.

Même si la comparaison du niveau des investissements locaux entre pays européens est très délicate car elle dépend des compétences attribuées aux échelons infranationaux et au niveau de décentralisation qu’ils ont acquis, certaines observations peuvent être faites.

Ainsi, les dépenses d’investissement du seul bloc local en France ont représenté 31,6 milliards d’euros en 2018, soit 43 % de l’investissement public total. C’est 10 points de plus qu’en Allemagne si on exclut le niveau fédéral, selon les dernières données de l’OCDE. Les voitures allemandes aussi rapides soient-elle, ne font donc pas tout ; il faut aussi des routes en bon état pour les faire circuler. Merci qui ?

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