Crise sanitaire : des conditions de vie et de travail dégradés pour les agents.

Publié le 23/04/2020 • Par Emeline Le Naour • dans : A la Une RHFranceToute l’actu RH

Les impacts de la crise sanitaire sur les agents
UFICT-CGT

 

Stress, manque d’information, recours au droit de retrait plus fréquent… Les enseignements issus de l’enquête lancée par l’UFICT-CGT Services publics sur les conditions de travail des agents sont nombreux.

 

 

 

 

Plus d’1 agent ou cadre sur 10 en présentiel a envisagé le recours au droit de retrait, 1 agent ou cadre sur 2 affirme n’avoir pas connaissance d’un PCA et plus de 52% des personnes interrogées disent ressentir un impact négatif sur leur sommeil.

Près de trois semaines après le début du confinement, une enquête sur les conséquences de la pandémie sur la vie des fonctionnaires de la territoriale a été lancée. Les agents, en première ligne dans les territoires, témoignent au travers de leurs réponses et de leurs libres propos de l’impréparation de certaines collectivités pour faire face à cette crise sanitaire.

En 15 jours, pas moins de 2177 agents (48,2 %) et cadres (51,8 %) de la fonction publique territoriale ont répondu à l’enquête en ligne initiée par l’UFICT-CGT portant sur les conditions de travail dans les collectivités.

Les premiers résultats bruts de l’étude, qui fera l’objet d’une synthèse définitive début juin, sont d’ores et déjà consultables.

« Ces dernière années, on a constaté une dégradation de la santé psychique et physique des agents et des cadres territoriaux. Cela s’est aggravé avec la crise. Seuls 30% des personnes interrogées sont informées de l’existence d’une cellule psychologique », déplore Karim Lakjaâ, secrétaire général du Syndicat UFICT-CGT du Grand Reims et coordinateur de cette enquête.

Stress important et sommeil impacté

Un contexte inédit qui génère un stress inhabituel pour les agents interrogés (51,3%), accentué par le sentiment de complexification des missions (44,2%). Par ailleurs, 52,2 % des agents et cadres disent rencontrer des troubles du sommeil.

Concernant les impacts négatifs sur leur vie professionnelle, des divergences sont observées en fonctions des catégories professionnelles des répondants. Ainsi pour les cadres, plus souvent placés en télétravail que les catégories C, c’est la concentration qui pose le plus problème.

« En revanche, les impacts sont moindres pour eux s’agissant de la perte de revenus, du stress et de la qualité du sommeil », détaille Karim Lakjaâ..

Les incidences personnelles de la crise sanitaire pour les agents.

Une meilleure gestion qui s’explique principalement par le fait que les cadres sont davantage informés (gestion des paies, taux d’activité, PCA…) mais aussi par la nature de leurs missions (gestion de périodes avec pic d’activité fréquentes).

On observe, plus particulièrement chez les cadres, un sentiment de complexification de leur mission (91%). Des résultats qui s’expliquent notamment par la difficulté de manager à distance. « A cela s’ajoute un sentiment de densification du travail et un lien avec le collectif de travail étiolé durant cette période de confinement », détaille encore Karim Lakjaâ.

Autre divergence, l’impact négatif sur la mobilité professionnelle est plus élevée chez les cadres que pour les agents de catégorie C.

Flou sur le PCA

Autre élément troublant de cette enquête : 1 agent sur 2 n’aurait pas connaissance du PCA de sa collectivité. Beaucoup de petites communes étaient, en effet, dépourvues de PCA lorsque la pandémie a éclaté.

Par ailleurs, les grandes collectivités qui avaient mis sur pied cette logistique, n’ont pas assez communiqué dessus. « La coordination des employeurs s’est prononcé en faveur de la transcription des PCA dans des arrêtés municipaux. Une bonne initiative qui est pourtant restée lettre morte », regrette le syndicaliste.

Droit de retrait plus souvent envisagé

Sur le terrain, c’est le manque de protection et la peur d’être touché par le virus qui domine. Plus d’un agent et cadre (en présentiel) sur 10 affirme avoir envisagé le droit de retrait.

Un chiffre plus élevé que d’ordinaire, sans lien avec un quelconque militantisme des répondants. « Notre panel le plus important a été sollicité via le réseau professionnel LinkedIn. Une seconde vague est due au relais dans la presse territoriale de l’enquête et enfin, on retrouve des répondants issus du cercle syndical », souligne Karim Lakjaâ.

Seuls 49, 1% des agents et cadres présents sur le terrain affirment être équipés de masques, 56,4 % sont équipés de gants. Des équipements insuffisants qui ont conduit certains à refuser de retourner sur le terrain et à faire observer ce droit.

« Sur le droit de retrait des agents en PCA, les employeurs ont répondu comme ils pouvaient dans un cadre juridique très évolutif, retrace-t-il. Les agents étaient très inquiets face à la communication gouvernementale qui a pu être contradictoire et paradoxale. »

Focus

Témoignages en temps de pandémie

« Au sein de mon administration nous n’avons eu aucune consigne et nous sommes plusieurs à avoir proposé le télétravail ainsi qu’un roulement pour une présence physique dès le 19 mars. Nous sommes toujours en attente d’une réponse le 4 avril. Notre direction reste enfermée dans son bureau, à plusieurs, et sans respect des consignes covid 19. Un scandale.

On est à l’abandon total, sans élus, sans direction. Et je ne parle même pas du service public et du service rendu à la population. »

« Au début de la crise, je n’ai pas reçu de consignes claires. J’ai commencé par télétravailler de ma propre initiative (personne en RQTH et à risque) et au bout de 2 jours on m’a demandé de cesser toute activité. A la prolongation du confinement, j’ai dû contacter moi-même ma hiérarchie pour connaître le statut exact de mon poste. »

« Je suis DGS. L’articulation entre élus et services est rendue beaucoup plus complexe. Entre les élus qui n’ont de cesse de communiquer en faisant de la politique et les services qui assurent une continuité de l’administration coûte que coûte (comme l’organisation des élections qui fut une erreur), les enjeux sont exacerbés. Non, les élus seuls ne suffisent pas à administrer une commune. L’expertise des services, de tous les services, et leurs actions, sont indispensables. »

*Tous les témoignages sont anonymes et issus de libres propos

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