Vers la version en ligne : ici
Carine Rolland, membre du conseil d’administration de Médecins du Monde, est « effarée » par l’instauration d’un délai de carence pour les demandeurs d’asile. Selon elle, ces personnes « en grand besoin de soins », mettent déjà entre « quatre et six mois à pouvoir accéder aux soins ».
Une mesure dénoncée par l’association Médecins du Monde. Selon Carine Rolland, médecin généraliste et membre du conseil d’administration de l’association, Médecins du Monde « est extrêmement choqué de voir de telles mesures mises en œuvre par le gouvernement. »
« Plus de la moitié » des demandeurs d’asile ne sont pas hébergés
« Les demandeurs d’asile sont des personnes précaires, épuisées par leur parcours migratoire. C’est ces mêmes personnes que l’on retrouve sur les trottoirs ou sous périphériques. Elles devraient être hébergés en CADA (les centres d’accueil des demandeurs d’asile) et elles sont laissées à la rue »
Selon l’association, « plus de la moitié » des demandeurs d’asile ne sont pas hébergés dans ces structures. « Ces personnes n’ont pas de toit sur la tête, elles ont faim et et là, on va leur instaurer un délai de carence, elles ne vont pas pouvoir se soigner alors qu’elles sont en grand besoin de soins », poursuit Carine Rolland. « Ce sont des personnes qui sont passés par la Libye et qui ont failli périr en Méditerranée. »
« On est la sixième puissance économique mondiale. On se dit le pays des droits de l’homme. Jamais aucun gouvernement n’avait osé s’en prendre au droit à la santé des demandeurs d’asile. »à franceinfo
« On est effaré d’une mesure pareille ». Selon Médecins du Monde, « les demandeurs d’asile mettent déjà beaucoup de temps à accéder aux soins. Car c’est déjà compliqué de se faire enregistrer comme demandeur d’asile et souvent ils mettent entre quatre et six mois à pouvoir accéder à un médecin. Donc, rajouter un délai de carence supplémentaire, ce n’est pas compréhensible. »
Seule une minorité de demandeurs d’asile viendrait en France pour raison de santé
Quant à l’Aide médicale d’Etat (AME) que le gouvernement souhaite davantage contrôler en raison du développement d’un « tourisme médical » de demandeurs d’asile en provenance de pays considérés comme sûrs à l’instar de la Géorgie ou de la l’Albanie.
Selon Carine Rolland, « sur les 120 000 demandeurs d’asile enregistrés en 2018, 6 000 à 10 000 étaient géorgiens. Il y a peut-être parmi ces personnes des gens très malades qui viendraient pour se faire soigner », reconnaît-elle. « Mais il n’y a aucun chiffre qui documente ça. Si c’est 500 géorgiens, s’en prendre actuellement à l’AME qui concerne 300 000 personnes dont 70 000 enfants, c’est aussi un dévoiement des CPAM. Quelque part on leur demande de débusquer les fraudeurs. Mais les Caisses d’Assurance Maladie ne sont pas au service du ministère de l’Intérieur pour faire du contrôle dans le cadre de politiques migratoires. »
A lire aussi
- Migrants : le durcissement de leur accès aux soins fâche les associations
- Immigration et santé : 11 députés LREM signent une tribune pour s’opposer aux annonces du gouvernement
- Paris : plusieurs camps de migrants évacués dans le nord de la capitale
- Immigration : les associations en colère
- Évacuation des camps de migrants à Paris : l’association Utopia 56 dénonce « une opération de com » du gouvernement