Ouest-France Texte : Agnès LE MORVAN. Photos : Thomas BREGARDIS. Publié le 01/05/2020 à 14h28
REPORTAGE. À Rennes, pour ce 1er mai inédit, la CGT manifeste au balcon
En l’absence de défilé pour ce 1er mai inédit, la CGT a décidé, outre sa visioconférence sur les réseaux, de se manifester à la fenêtre, avec une banderole, un signe, un slogan.
« C’est sûr, c’est un peu tristounet », confie Valérie Kerauffret, postière, qui, en vingt ans de militantisme à la CGT, n’a jamais raté un défilé du 1er mai. Celui de cette année est « inédit ».
Mais pas question de rester les bras croisés. Outre le rendez-vous sur les réseaux sociaux dès10 h, « qui va permettre de se revigorer à l’aube d’une année qui s’annonce compliquée, de se compter aussi », la militante a décidé de sortir les drapeaux sur son balcon.
« S’il n’y a pas de défilé, les revendications sont bien là »
« C’est une manière de partager », car si le défilé traditionnel n’existe pas, les revendications sont bien là : « La sauvegarde des services publics. Et la vigilance sur le droit du travail en matière de durée du temps de travail, congés, repos hebdomadaires. Quoi qu’on entende, on a assisté des salariés pour des procédures de licenciement. »
Pour un monde « plus écologiste et féministe »
Pas loin de chez Valérie Kerauffret, une autre militante, Stéphanie Charon, secrétaire dans un centre culturel, affiche la couleur au balcon avec une affiche revendicative pour la justice sociale et un monde écologiste et féministe. « La situation est étrange. Il fallait trouver un mode d’expression. Les revendications n’ont pas changé contre la réforme des retraites et de l’assurance chômage. »
Ces militantes aiment rappeler que le 1er mai ce n’est pas la fête du Travail, « mais une journée de lutte, internationale. C’est le jour où les travailleurs s’unissent. Et les sujets ne manquent pas, comme celui des libertés individuelles. »
Des militantes en marche
Dans le quartier de La Touche, Armelle Rinfray, Yvette Frémin et Nicole Bouyer, retraitées, militantes CGT depuis le milieu des années 1960, ont décidé de transformer leur promenade d’une heure en marche revendicative, avec autocollants et pancartes.
« On veut que les soignants soient entendus. Cela faisait déjà longtemps que les urgentistes alertaient sur la situation. On réclame la reconnaissance de tous ces travailleurs invisibles, éboueurs, caissières… Des salaires corrects, on réclame la liberté syndicale à cette époque où il va être difficile de trouver du travail, on défend la protection sociale aujourd’hui mise à mal. »
Toutes les trois évoquent aussi la fracture numérique, le prix des masques, défendent les services publics de proximité et la difficulté pour des retraités de joindre les deux bouts. Alors, forcément, c’est inédit. « L’an dernier, le même jour, j’ai manifesté à Nantes. C’était un vrai succès pour cette manifestation unitaire. Forcément, cette année, c’est différent. »
Pour Dominique Besson, infirmière de bloc, secrétaire de la CGT en Ille-et-Vilaine, ce 1er mai est une réussite, «on a vu sur notre chaîne de solidarité, pas mal de connections, des militants très inventifs, qui ont proposé des mises en scènes innovantes, inventives avec des Playmobils, des nains de jardins, pour faire passer les revendications. Même si c’était compliqué, on a assisté à un regain de mobilisation et une détermination intacte.»
REPORTAGE. À Rennes, pour ce 1er mai inédit, la CGT manifeste au balcon