Publié le 17/06/2020 à 11h00
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De plus en plus de villes piétonnisent une partie de leur centre-ville. Le mouvement s’est accéléré pour accompagner le déconfinement et la reprise économique. Les commerçants craignent pourtant d’y perdre une partie de leur activité, liée selon eux à l’accessibilité en voiture. On fait le point en vidéo.
Pour relancer les commerces tout en respectant les consignes sanitaires, certaines villes comme Rennes, Nantes ou encore Paris font le choix de rendre les rues piétonnes ou de transformer des places de parking en terrasses. Une décision qui fait bondir certains commerçants, qui craignent de perdre une partie de leur clientèle.
Favoriser les piétons et les cyclistes met-il en péril le commerce de centre-ville ? On fait le point dans la vidéo ci-dessous.
« Je comprends l’inquiétude des commerçants quand on leur parle de piétonnisation. On ne peut pas rêver de supprimer la voiture demain dans les centres-villes comme ça par un coup de baguette magique, ce serait suicidaire« , rappelle Jean-Pierre Lehmann, président des Vitrines de France, la Fédération nationale des centres-villes.
74 % des clients viennent à pied ou à vélo
L’enjeu central demeure bien l’accessibilité de la ville, mais cela ne passe pas nécessairement par la voiture. « Les commerçants ont tendance à surestimer la part de leurs clients qui sont venus en voiture », explique Marion Lagadic, cheffe de projet à 6T, un bureau d’études sur la mobilité et les modes de vie.
En effet, les clients des petits et moyens commerces de centre-ville viennent à 74 % à pied, vélo ou transports en commun dans les grandes agglomérations, un chiffre qui descend à 49 % dans les villes moyennes, révèle une étude du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).
Mais si les clients viennent plus souvent à pied et à vélo qu’en voiture, peut-être consomment-ils moins avec ces modes de transports, ce qui entraînerait une baisse de chiffres d’affaires pour les commerçants. C’est un problème de représentation et de bonne évaluation, balaye Élodie Barbier-Trauchessec, animatrice mobilités émergentes à l’Ademe (Agence de la transition écologique).
Les études menées en France ont montré que le panier moyen des piétons et cyclistes est plus faible que celui des automobilistes, mais leurs achats sont beaucoup plus fréquents.
Centre-ville contre zone d’activité périphérique
Faut-il alors consacrer le centre-ville aux piétons et cyclistes pour laisser la périphérie aux automobilistes ? Un centre-ville attractif, cela va avec une politique de l’urbanisme commercial qui soit cohérente. On ne peut pas vouloir soutenir les commerces et l’attractivité du centre-ville si, en parallèle, on développe des zones périphériques commerciales destinées à la voiture, martèle Aurélie Duboudin, du Cerema Ouest.
Un propos que poursuit Marion Lagadic : C’est une vraie menace pour les commerçants du centre-ville et donc, eux se disent : « Pour être compétitifs vis-à-vis de ces commerçants-là, j’ai besoin d’avoir des places de parking. » C’est un raisonnement qui fait sens. Mais ce qui ferait davantage sens, c’est justement de jouer sur le produit et la qualité de l’expérience, puisque comparés à une zone qui a été conçue autour de la voiture, ils seront jamais aussi compétitifs en termes de voiture.
Strasbourg, Montpellier, Quimper, Chambéry, Chartres, Douai… Ces villes ont fait le choix de piétonniser une partie de leur centre-ville et ont constaté des effets positifs sur l’attractivité et le dynamisme de leur cœur de ville et de leurs commerces.
Procos (la Fédération représentative du commerce spécialisé) a sorti un palmarès des centres-villes les plus dynamiques et les plus attractifs et on y retrouve beaucoup de villes avec un grand plateau piéton, une bonne desserte intermodale et une bonne animation locale, note Élodie Barbier-Trauchessec. La recette du succès