Comité Technique du 03/03/2022 – Rennes (35) – Déclaration préalable
Bonjour à Toutes et à Tous,
Nous voulons d’abord penser aux ukrainiennes et aux ukrainiens dont la vie a brutalement basculé dans l’enfer de la guerre. En attaquant l’Ukraine, Vladimir Poutine attaque notre rêve européen, notre rêve de démocratie, de liberté et de paix.
Mais, si nous sommes solidaires des ukrainiens, nous devons l’être aussi de nombreux russes. Saluons le courage de ceux qui exposent leur vie, bravent les interdictions de Poutine en descendant manifester dans la rue, signant des tribunes, démissionnant d’une direction de théâtre pour s’opposer à cette guerre. Leur état a rarement été tendre avec les démocrates. Depuis jeudi dernier, au moins 3 000 d’entre eux ont été arrêtés.
Enfin, en ce mois de Mars, souvenons-nous de femmes Russes qui, au péril de leur vie, ont défié ou continuent de défier le pouvoir en place. Certaines ont dénoncé les exactions de l’armée russe en Tchétchénie. Souvenons-nous par exemple d’Anna Politkovskaïa, venue à Rennes dans le cadre du salon « plumes rebelles » (organisé par Amnesty International).
Cette journaliste russe assassinée quelques années plus tard, en 2006, le jour de l’anniversaire de Poutine, comme un sinistre cadeau. Elle était une des rares à dénoncer en Russie l’ignominie et l’inutilité de cette guerre.
Nous, la CGT, avec les 45 organisations du Collectif national des marches pour la paix, appelons aux initiatives de mobilisation « pour la paix et une solution négociée en Ukraine », dont celle du 5 mars 2022.
« Il s’agit d’une guerre, en violation de la souveraineté d’un pays, en violation du droit international et des principes fondateurs de la Charte des nations unies », écrivent dans une déclaration commune la Cgt, Fo, la Cfdt, la Cfe-Cgc et la Cftc, en exprimant leur soutien aux populations, aux travailleurs et à leurs syndicats.
Cette crise, tout comme celle précédente du COVID, doit nous faire prendre conscience de la fragilité de nos démocraties. Le risque reste grand, si nous ne réagissons pas collectivement de basculer vers des divisions, et replis identitaires.
Chacun a son rôle à jouer et nos collectivités locales doivent plus que jamais réagir et être à l’écoute de leurs agents.
Comment en effet ne pas se rendre compte que nous arrivons au bout d’un système ?
La fatigue générée par le COVID, les alertes répétées de mal être liées à la toute-puissance des logiques gestionnaires et de communication (la forme au détriment du fond), la montée des inégalités, la banalisation des discours d’extrême droite et aujourd’hui le retour à des guerres de territoires doivent interroger à tous les échelons.
Nous avons tous nos parts de responsabilités et le devoir de réagir.
Nos collectivités doivent se ressaisir et prendre la juste mesure de la nécessité d’un retour à l’essentiel : un service public de qualité qui mette l’humain au centre de ses analyses.
Le sentiment d’épuisement, de manque de reconnaissance (au-delà des discours et séminaires), de paupérisation, de conditions de vie de plus en plus dégradées ne sont pas à prendre à la légère.
Ce sont ces points qui doivent être au cœur de nos agendas sociaux.
En tant qu’organisation syndicale nous ne pouvons pour le moment que déplorer le manque d’écoute de nos élus (cf négociations en cours sur les repos compensateurs), de transparence (absence de bilans sociaux depuis 2016 et les bilans insatisfaisants) et de logiques de priorisations.
C’est un chantier de fonds qu’il convient de mener : soyons pragmatiques, redonnons envie aux agents d’exercer leurs métiers, arrêtons les injonctions contradictoires (il n’est plus audible de demander à des agents toujours plus de qualité de services tout en leur indiquant pour absorber leurs charges de travail d’exercer leurs missions en mode dégradé) reconnaissons leur travail à leur juste valeur.
Nous espérons donc un sursaut de compréhension de nos employeurs.
Le mal être est palpable, les contestations nombreuses en ce mois de Mars au travers un agenda social extrêmement chargé :
– Mardi 8 mars 2022 :
Journée internationale des droits des femmes.
La Fondation des Femmes dévoile sur France Inter les résultats d’une évaluation du coût global des violences et inégalités de genre dans notre pays. Disparités dans le monde du travail, violences conjugales, comportements virils dangereux… les montants sont vertigineux.
La marge d’incertitude existe. Mais dans tous les cas, les chiffres donnent le tournis. Fourchette basse : 102 milliards d’euros. Fourchette haute : 118 millions d’euros, par an et en France.
Il y a bien sûr pour commencer le prix des inégalités au sein du monde du travail : inégalités de salaires mais aussi et surtout de niveau d’activité… 22 milliards d’euros de création de richesses dont se prive la société,
Quelques chiffres dans nos collectivités :
Présence des femmes : filière médico-sociale (99%), administrative (85 %), animation (72 %) et culturelle (66 %).
Temps non complet : 181 agents occupent un poste à temps non complet, (différent du temps partiel) soit 6 % des effectifs sur emploi permanent, soit 86 % de femmes et 14% d’homme.
Parcours professionnel : Trop de métiers à majorité occupés par des femmes sont dans le parcours 1. Nous demandons sa suppression.
Avancement de grade : seulement 9, 4 % des femmes ont obtenu un avancement de grade
Pénibilité : aucune reconnaissance exceptée pour les EPHAD, les crèches, les aides à domicile.
Garde enfant : pas de priorité pour les places en crèches, garderie municipale payante.
Régime indemnitaire : Trop de différences encore entre filières à majorité occupées par des femmes vis-à-vis de filières dites masculines. (Culture, Médico-social, administrative vis-à-vis de technique par exemple),
et la liste est encore longue … soit trop peu d’avancées sur l’égalité professionnelle.
Déconstruisons ensemble des idées reçues sur l’égalité dans la Fonction publique, mobilisons-nous massivement sur nos lieux de travail, en grève féministe et dans la rue le 8 mars en participant aux différents temps forts proposés par la CGT tels que :
11H METRO VILLEJEAN – 14H PLACE DE LA REPUBLIQUE – 15H 40 TEMPS FORT DE LA JOURNEE (ANIMATION s) avec un départ du cortège à 16 heures pour l’égalité au travail et dans la vie !
– Jeudi 17 mars 2022 :
Grande journée interprofessionnelle de grève et de manifestations, avec un appel national unitaire sur les questions salariales et l’emploi.
– Jeudi 24 mars 2022 :
Journée de mobilisation des retraité-e-s.
– Jeudi 31 mars 2022 :
Journée de mobilisation dans la fonction publique territoriale.
Nous souhaitons souligner, depuis le début de cette année, le nombre conséquent de journées de mobilisation autour du thème du pouvoir d’achat, que ce soit dans le privé et le public, même si nous constatons que des négociations se sont tenues et continues à se dérouler dans diverses branches du privé alors que pour la fonction publique, il semble que les conclusions du rapport sur l’attractivité de la fonction publique territoriale soit considéré comme le document, du point de vue du gouvernement, permettant de lever tous les freins.
Notre analyse est tout autre et nous vous invitons à ne pas vous arrêter sur des pseudos mesures, telle que la marque employeur, qui ne vont en rien résoudre le désamour des agents et des candidats envers la fonction publique territoriale.
Sans reprendre la totalité des 27 recommandations, nous pouvons souligner et vous inviter à revoir certaines de vos politiques sur les sujets suivants :
- Mettre en place une politique de rémunération plus incitative : suppressions des quotas, des critères internes en CAP, modifier les régimes indemnitaires vers une réelle égalité inter-filières, etc
- Expérimenter les concours sur titre pour les apprentis et intégrer pendant la période d’apprentissage un module de préparation au concours :
- Réfléchir à la création d’une prime d’attractivité : sur ce point, dans le cadre des échanges (sans vouloir parler de négociations) sur la mise en place des 1 607 heures, nous avions proposé la création d’une prime d’ancienneté.
- Élargir les recrutements à prendre en compte dans le calcul, au recrutement des contractuels nouvellement recrutés sur emploi permanent : Il s’agirait de prendre en compte dans la règle de quota de calcul des postes ouverts à la promotion interne les recrutements de contractuels sur poste permanent. La mission indique également que la question de la valorisation des réussites aux examens professionnels se pose.
En conclusion, nous souhaitons tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences du dialogue social mis en œuvre aujourd’hui dans nos collectivités. La perte des conquis pour certains ne pourra jamais être compensé par de nouveaux acquis pour d’autres agents au sein d’autres direction ou services de nos collectivités.
Nous souhaitons également attirer l’attention des organisations syndicales sur le fait que cette période d’élections professionnelles ne doit pas servir de prétexte à une course à l’échalote faite de petits arrangements entre amis en vue de limiter les impacts des nouvelles OTT soit disant travaillées conjointement avec les agents. Nous avons de notre côté bien entendu que nos administrations, sous couvert d’une équité de tout et pour tous, acceptent délibérément que certains agents perdent beaucoup de leurs conquis sociaux.
Alors, nous souhaitons inviter les élus de nos collectivités, à prendre réellement leur place dans de réelles négociations afin d’éviter que le désespoir ne gagne les agents de nos collectivités et n’aboutissent à des incidents ou accidents que nous déplorerions tous.