C’est bien connu, les chiffres ne font pas de politique… C’est donc toujours auréolés de cette prétendue neutralité que les experts de la Cour des Comptes rendent périodiquement leurs avis, rapports et audits auxquels les médias se doivent d’emboiter le pas.
Comme de coutume, il ne faut pas attendre longtemps pour que le gouvernement se retranche derrière la Cour des Comptes pour justifier des mesures austéritaires. De ce point de vue le gouvernement Macron-Philippe n’échappe pas aux vieilles pratiques consistant à faire cautionner « scientifiquement » par les experts des décisions de gel des salaires des fonctionnaires, de réduction de la dépense publique.
La remise de l’audit des comptes par les magistrats de la rue Cambon a ainsi permis au chef du gouvernement de se défausser par avance de ses responsabilités sur le gouvernement précédent pour repousser certaines des promesses du candidat Macron et annoncer une nouvelle saignée post-électorale.
Le premier Ministre a vivement réagi le 29 juin à l’audit de la Cour des Comptes qui qualifie d’« insincère » le budget 2017. « Nous héritons d’un dérapage des dépenses de 8 milliards d’euros, c’est inacceptable ! » a lancé Édouard Philippe. « Tous ces artifices placent la France dans une situation de grande fragilité vis-à-vis de ses voisins européens », a-t-il ajouté, tout en déclarant qu’il était « impératif » de mettre un terme à ce genre de pratiques qui « minent la confiance des Français envers leurs élus. » La Cour se fend donc d’un certain nombre de préconisations « dont le côté tristement prévisible le dispute à l’engagement partial et subjectif » a déploré la CGT dans un communiqué.
Les experts de la rue Cambon préconisent donc rien moins qu’un nouveau gel de la valeur du point d’indice, la suppression du supplément familial de traitement, le non-remplacement des deux tiers des départs en retraite dans la fonction publique de l’État (hors secteurs décrétés prioritaires) et un sur trois dans la fonction publique hospitalière et la fonction publique territoriale. Également préconisés, la baisse du nombre de promotions et freins au déroulement de carrière ainsi que l’augmentation différenciée de la valeur du point entre les versants de la fonction publique. Une dernière mesure qui serait évidemment applicable pour peu qu’il y ait augmentation.
par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT