« En Guerre », un conflit social étouffant par Stéphane Brizé

Vidéo « En Guerre » , le nouveau film de Stéphane Brizé, met en scène un conflit social très réaliste entre les salariés d’une usine sur le point de fermer et sa direction. Vincent Lindon, en tête d’affiche, défend sa cause avec ferveur.

« En Guerre », film de Stéphane Brizé, retrace un conflit social entre les salariés d’une usine en voie de fermeture et sa direction. Vincent Lindon interprète le rôle d’un cégétiste acharné.

« Celui qui combat peut perdre mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». L’ouverture sur une citation de Bertold Brecht donne la tonalité. Un titre fort et des premières images au cœur d’une manifestation mouvementée, En Guerre promet d’être dense et corsé. Il l’est.

Les deux heures de film suivent les négociations houleuses entre les grévistes et la direction d’une entreprise, l’équipementier automobile Perrin Industrie, dont l’un des sites, situé à Agen, doit fermer. L’usine ne serait pas assez rentable, selon ses responsables. Ce que les 1 100 salariés de l’usine réfutent.

CGT, FO, Sipi, les différents syndicats sont parties prenantes, et font grève, pancartes à la main, contre la décision de la direction. « On vaut mieux », « fils de lutte » et cercueil noir, les panneaux et symboles sont forts pour contester ce choix. Tout au long du film, ces expressions de lutte sociale alternent avec des scènes d’attente de la décision de la direction, sur fond d’une musique sourde de basse continue électrique et moderne.

Stéphane Brizé a réalisé un film extrêmement réaliste sur un conflit social s’étalant sur trois mois. Les négociations sont suivies pas à pas avec une mise en scène des stratégies proches de la réalité.

Une production réaliste 

Tout semble filmé comme dans un documentaire. La caméra d’épaule danse au rythme des mouvements de foule des manifestations. Les images sont granuleuses et les plans très serrés. Les vidéos sont superposées avec des reportages de BFM TV, France 2, France 3… tandis que les voix off des journalistes éclairent le spectateur de l’avancée de la situation.

Tout au long des négociations, l’image suit Laurent Amédéo, porte-parole cégétiste acharné. Vincent Lindon incarne avec passion ce manifestant furieux. Veines saillantes et peau tirée de fatigue, l’acteur revêt les traits de la contestation avec justesse.

Les temps forts du conflit social sont bien marqués. La discussion commence avec le responsable de l’usine. Un conseiller social de l’Elysée joue le rôle d’arbitre et assure du soutien du président de la République. Le premier mois de grève s’achève avec l’espoir d’un dénouement positif. Mais les négociations se tassent, rien ne bouge. Laurent Amédéo n’a qu’un objectif : rencontrer le président de Dimke, le groupe allemand auquel appartient Perrin Industrie. Un but qui happe toute l’énergie des grévistes.

La tension est palpable. La musique est forte. Les mouvements sont violents. Le focus des images est constamment établi sur des personnages situés en second plan. Le premier plan est ainsi très souvent flouté, fermant particulièrement le champ de vision. Les discussions continuent au même rythme que ce cadre se resserre. Les négociations finissent par être suivies d’un point de vue très extérieur, et Laurent se fait phagocyter par un premier plan imposant et indéterminé.

 

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