par Rémi Brancato, Valérie Cantié publié le 11 mai 2019 à 8h00
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Alors que la saison estivale va débuter, le syndicat des maîtres-nageurs dénonce un déficit de formation dans la profession. L’an passé, 492 personnes sont mortes par noyade, selon un bilan encore provisoire. Un record.
« Les chiffres sont alarmants, en particulier sur la saison dernière« . Axel Lamotte, secrétaire général adjoint du syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs (SNPMS) sonne l’alarme, alors que la saison des baignades en plein air débute. Entre le 1er juin et le 30 août 2018, 2 255 personnes se sont noyées, et 492 en sont mortes, selon le décompte encore partiel de Santé Publique France.
Ce triste record, Axel Lamotte l’explique facilement :
On a beaucoup de littoraux français très fréquentés et pendant les périodes de canicules, les gens ont envie de se baigner.
Pour lui, la situation ne va pas s’arranger, en raison du changement climatique.
« On nous prédit des canicules à 50° C à Paris [d’ici 2050 ] donc je pense que les gens auront envie de se tremper et iront dans l’eau coûte que coûte » estime le maître-nageur.
Un décès sur cinq survient à la mer
« On peut mourir dans les piscines privées, dans les jardins, même dans les piscines hors sol, avec des petits boudins gonflables, extrêmement accidentogènes pour les plus petits : donc il ne faut pas quitter les enfants des yeux » alerte-t-il.
Les noyades sont protéiformes. 99 décès sur 492 ont eu lieu à la mer l’an passé, selon Santé Publique France : les cours d’eau, les lacs, étangs, mais aussi les piscines sont donc tout aussi dangereux.
Les quatre régions où le nombre de noyades est le plus important :
- L’Occitanie : 202 (17 %) dont 30 suivies d’un décès
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : 182 (16 %) dont 32 suivies d’un décès
- La Nouvelle-Aquitaine : 175 (15 %) dont 26 suivies d’un décès
- Auvergne-Rhône-Alpes : 127 (11 %) dont 26 suivies d’un décès
Les maîtres-nageurs réclament un « plan d’urgence »
Face à ce triste constat, Axel Lamotte réclame la mise en place d’un « plan d’urgence d’apprentissage de la natation ». Suite à ces noyades, « des personnes se retrouvent très lourdement handicapées, grabataires : c’est un vrai problème de santé publique » estime-t-il.
« Pour d’autres causes, on mettrait en place un certain nombre de choses : pour les accidents de la route, on a mis en place les radars » ajoute le maître nageur.
Il manque 5 000 maîtres-nageurs en France
Le principal problème ? Une pénurie de maîtres-nageurs. 17 000 sont recensés en France, mais il en manque 5 000, selon le SNPMS, le syndicat national professionnel des maîtres-nageurs sauveteurs. « En Bretagne, une piscine de plein air recrute un monsieur de 78 ans parce qu’ils ne trouvent personne : certaines piscines en été fermées faute de pouvoir recruter des maîtres-nageurs » abonde Alex Lamotte.
« De 1975 à 1985 on en a formé 1 500 par an mais ces 15 000 maîtres nageurs vont partir à la retraite, donc il faut absolument compenser ces départs par des formations massives » défend-il, estimant qu’il faut mettre en place 3 000 formations par an.