SANTÉ : Les trois médecins du travail de la ville de Rennes ont démissionné au cours des deux derniers mois
Manuel Pavard -Publié le 16/05/19 à 07h05 — Mis à jour le 16/05/19 à 07h05
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- Avec ces démissions, les trois médecins du travail de la ville de Rennes dénoncent notamment le gel du poste d’une infirmière et les conséquences de la restructuration de leur service.
- La ville promet des embauches pour assurer une continuité de service.
Il y a encore deux mois, le service santé au travail de la ville de Rennes et de Rennes métropole comptait trois médecins, deux psychologues, deux infirmières et deux secrétaires médicales. Mais ça, c’était avant… Car au cours de ces dernières semaines, les trois médecins du travail ont successivement démissionné, plongeant le service dans une crise sans précédent.
Tout a commencé par la démission, fin mars, de la cheffe de service. Depuis des années, celle-ci « réclamait plus de moyens, vu l’évolution des risques psychosociaux et l’augmentation des arrêts de travail », explique Philippe Chavroche, secrétaire général UGICT-CGT de Rennes métropole. La médecine du travail n’arrivait ainsi pas à suivre les 7.500 agents municipaux et métropolitains, notamment pour pratiquer les examens médicaux obligatoires tous les cinq ans.
Le gel du poste d’une infirmière, élément déclencheur
Si cette dernière ne souhaite pas s’exprimer, le syndicaliste souligne que « l’élément cristallisant les tensions a été l’annonce du gel du poste d’une infirmière ». « La cheffe de service nous a fait part de son désarroi car elle n’avait pas assez d’assistants et car l’interne devait faire autant de travail administratif que médical », poursuit Philippe Chavroche.
Une décision de l’administration a ensuite « ajouté de l’huile sur le feu », selon la CGT. La direction des ressources humaines a en effet dévoilé son intention de créer un nouveau pôle fusionnant les services santé au travail et prévention des risques professionnels. « Cela pouvait poser des problèmes en matière de déontologie et de secrets médicaux, et on n’avait toujours pas de lisibilité sur des suppressions de postes à terme », déplore le syndicaliste.
Aucun créneau pour prendre rendez-vous à la santé du travail
Ces différentes mesures ont déclenché les démissions en chaîne des deux autres médecins du travail, la dernière survenant jeudi dernier. « Aujourd’hui, les équipes sont psychologiquement détruites, affirme Philippe Chavroche. C’est le service santé au travail qui aurait besoin de médecine du travail ! » Conséquence : il n’y aurait actuellement « aucun créneau » disponible pour prendre un rendez-vous à la santé du travail.
Du côté de la ville et de la métropole, le son de cloche est tout autre. Johan Theuret, directeur général adjoint des services, indique ainsi que « la démarche de fusion des deux services a été initiée dans un souci d’efficacité de la politique de prévention ». Il pointe des « réticences » de la part des médecins et ajoute que « le gel du poste d’une infirmière, suite à son départ à la retraite, a été fait pour voir quel profil il fallait ».
La ville recrute un nouveau médecin
La continuité de service est-elle assurée désormais ? Oui, rétorque Johan Theuret, qui précise avoir « lancé le remplacement » de la cheffe de service – le jury est prévu jeudi prochain – ainsi que « le recrutement de trois infirmiers et un psycho-clinicien à 50 % ». Il souligne également que les deux autres médecins sont encore en poste, le temps que leur préavis de départ arrive à échéance.
Mais le temps presse : le deuxième médecin, actuellement en congé, ne reviendra en effet que pour quelques jours, tandis que le troisième partira définitivement vers le 20 juillet. Le personnel du service santé au travail n’a malheureusement pas pu s’exprimer pour des raisons de confidentialité.