UNIDIVERS.fr – Durcissement de la grève dans les bibliothèques de Rennes (35)
5 mois de conflit social, la suspension dès aujourd’hui de la programmation aux Champs libres et un durcissement de la grève dans les bibliothèques de Rennes qui se traduit par des manifestations grandissantes de mécontentement des agents. Comment en est-on arrivé là ?
5 mois de conflit social, la suspension dès aujourd’hui de la programmation aux Champs libres et un durcissement de la grève dans les bibliothèques de Rennes qui se traduit par des manifestations grandissantes de mécontentement des agents. Comment en est-on arrivé là ?
Comment dans une Métropole telle que Rennes où le bien-être social est censé être un pilier, la grève des Champs libres et du réseau des 11 bibliothèques ne se trouve-t-elle toujours pas résolue après 5 mois ?
En temps normal, les Rennais apprécient la chance inestimable de pouvoir jouir de l’ouverture des Champs libres le dimanche et des bibliothèques de Rennes le samedi. Alors, par temps de grève et de portes closes, ils la regrettent. Certes, cet effort des agents a un prix pour la collectivité : travailler le samedi ou le dimanche donne lieu à un avantage salarial ou/et du temps de repos compensatoire. Prix que la collectivité de Rennes métropole a décidé de réduire, au mois de juin dernier, au motif – justifié – que la Loi sur le temps de travail de 1607 heures doit s’appliquer à tous.
Bon an mal an, les agents ont accepté cette régularisation de leur temps de travail à compter du 1er janvier 2022. Mais la collectivité rennaise a choisi d’aller plus loin que l’obligation légale. Elle a décrété de son propre chef la suppression du repos compensatoire du travail effectué durant la fin de semaine, lequel est pourtant d’usage dans nombre de services publics, associations et entreprises. Et ce, pour un gain minime en termes d’économie budgétaire.
En réponse, les agents territoriaux de Rennes protestent depuis 5 mois contre cette suppression en se déclarant en grève les samedi, dimanche et lundi (au Triangle). Et le bras de fer semble se durcir. A l’occasion de la visite de presse du nouvel Antipode jeudi matin et son inauguration vendredi soir (voir notre article), des bibliothécaires ont manifesté leur désarroi à l’aide de batteries de casseroles devant l’établissement.
Quelle que soit la position de chacun sur ce dossier, était-ce (est-ce) vraiment le moment opportun de revenir sur cet acquis social (négocié en 2010 et revu en 2014) quelques semaines après le dernier des confinements durant lesquels les bibliothécaires de Rennes ont fait montre d’une conduite exemplaire ?
Il convient à ce propos de rappeler que la bibliothèque des Champs libres a été la première à rouvrir au sortir du premier confinement. Quant aux Musée de Bretagne et l’espace des sciences, ils ont repris leurs activités dès qu’ils en ont eu la latitude. Il en va de même des 11 bibliothèques de la Ville dont les agents se sont montrés constamment au service du public malgré les pesantes contraintes sanitaires générées par les confinements. Aussi, après tant d’efforts, les bibliothécaires ne s’attendaient-ils pas à être gratifiés d’une pareille déconvenue.
Certes, la Loi sur le temps de travail doit s’appliquer à tous, mais aller au-delà ?! A fortiori, au sortir de cette période complexe où tant de fragilités se sont manifestées et perdurent. Beaucoup voient dans cette décision de la collectivité a minima une erreur de timing, une anicroche au Bureau des temps, voire une gestion RH hors sol.
Résultat pour l’heure de ce durcissement des positions des agents comme de l’administration : le plus grand équipement culturel de Bretagne et le réseau des 11 bibliothèques de Rennes connaissent une situation de détresse palpable. Au détriment des usagers.
Résultat pour l’heure de ce conflit social : la direction des Champs libres se trouve contrainte de suspendre sine die la programmation aussi bien de la bibliothèque que de l’espace des sciences et du musée de Bretagne. Quant au réseau des bibliothèques de Rennes, la grève des agents se poursuit les samedis. Là encore, au détriment des usagers, notamment d’un nombre non négligeable d’enfants habitués des bibliothèques qui se retrouvent désormais livrés à eux-mêmes.
Cette situation inédite et cette durée de crispation sont déroutantes dans une ville réputée aussi sociale et éclairée que Rennes. Que font les élus, que font les syndicats ? Où le dialogue social a-t-il disparu ? Il existe forcément une véritable solution compensatoire susceptible de restaurer un climat apaisé. Au profit des agents, de la collectivité et, donc, du public.